Dieu : la danse urbaine comme moyen de réflexion.

C’est dans le quartier Griffintown, aux limites du Vieux-Montréal, dans la petite salle de l’Espace Cercle Carré, que le chorégraphe Ford McKeown présente sa nouvelle pièce, du 13 au 15 avril.

 

Jeune Montréalais d’origine haïtienne, Ford « Forward » Mckeown Larose est un danseur, chorégraphe et interprète, spécialisé en danse urbaine. Après avoir découvert cette passion avec l’émission « So You Think You Can Dance », il devient assidu dans son entrainement et prend des cours de hip-hop avec Alexandra L’Heureux, pour ensuite se spécialiser dans le popping. Pour lui, la danse devient un véritable refuge où il peut s’exprimer librement et oublier ses problèmes quotidiens. Il se fait petit à petit sa place dans le milieu de la danse urbaine à Montréal et devient professeur dès 2009. Parallèlement à l’enseignement, il crée aussi la compétition de popping  « Chaos Unleashed », aujourd’hui mondialement connue. Son penchant pour la création se développe très vite, suivant les traces de ses inspirations comme les créations de Handy « Monstapop » Yacinthe, Michel « Boombeast » Lim et du collectif Fôret Noire. Il crée alors de nombreux numéros en compagnie du collectif « Chaos » puis monte sa propre compagnie « Forward Movements » en 2015 dans le but de favoriser la diffusion de créations artistiques originales en danse urbaine.

 

    Accompagné par ses cinq danseurs de talent, Joe Dany Aurélien, Nindy Banks, Laurence Brière, Mukoma-K. Nshinga et Lakessha Pierre-Colon, Fordprend pour thème la religion et pour moyen d’expression la danse urbaine. Il questionne alors l’identité et l’existence de Dieu, dans toutes ses formes et laisse place à la libre interprétation du spectateur.

 

    Dans un silence religieux, la pièce commence. Chaque interprète s’exprime alors avec son corps unique et ses propres mouvements, dans un crescendo de gestuelle saccadée envoutant. On y décèle alors la personnalité de chacun et son propre vécu. Petit à petit, les effets lumineux et sonores s’ajoutent à l’ambiance intimiste et créent une cohésion de groupe, plus évidente. On a donc affaire à un groupe d’individus, au sein duquel chacun témoigne corporellement son opinion. Le public assiste alors à différents questionnements sur les différentes croyances et suit les interprètes dans leurs retranchements, leur force, leur désespoir ou leur foi. Entre puissance et douceur, la pièce crée des hauts et des bas, et atteint ainsi une profondeur de réflexion et une poésie intime et subtile de création.

 

    Par sa gestuelle urbaine diversifiée et son imagination, le chorégraphe nous transmet ses réflexions personnelles, tout en amenant non pas une réponse, mais une réflexion. C’est par la danse urbaine qu’il décide alors d’exploser son propos, montrant encore une fois toute l’étendue créative de cette culture.

 

 

Léa VillalbaComment